300 mots La jeune Alyna a un physique avantageux... Alors oui, cela lui permet de rester en vie. Elle est consciente que si elle avait été laide son espérance de vie aurait nettement diminuée, déjà qu'elle n'est pas bien grande... Mais cette vie elle la paye à un prix trop cher. Elle n'est pas heureuse, elle qui toute sa vie à vécut comme une esclave. Alyna n'est ni petite ni grande. La plupart des hommes la dépasse d'au moins une demi-tête, si ce n'est plus. Fine et musclée, on devine en voyant son corps la malnutrition dont elle a toujours été victime et les muscles qui se sont dessinés à force des dures corvées qu'on lui imposait. Sa peau est blanche malgré ses fréquentes expositions au soleil, et elle aurait pu être immaculée sans ses diverses cicatrices et coups qu'elle accumule depuis son enfance. Le malheureux résultat d'une vie passée contre son gré auprès d'hommes violents qu'elle abomine tous autant qu'ils sont. Ses cheveux blonds cascadent doucement jusqu'au milieu de son dos, encadrant un doux visage fin mettant en avant ses magnifiques yeux argentés. Malgré tout cela, Alyna ne se trouve pas particulièrement belle. Elle sait que beaucoup d'hommes apprécient ses formes, mais est consciente aussi que tout ce qu'ils désirent, c'est l'avoir dans leur lit. Ce qui se réalise souvent... Non pas qu'elle le veuille, oh jamais ! Mais Alyna n'a pas le choix. Elle est esclave, et entre ça ou la mort... Quoique quelque fois la mort serait une bien douce délivrance face à la cruauté d'un frère qu'elle abomine plus que tout au monde. Lannistair. 

Cependant, Alyna a l'âme d'une guerrière. La mort est pour elle comparable à la lâcheté. La jeune femme veut se battre jusqu'au bout. Peu importe où cela la mène, elle n'a pas grand chose à perdre de toute manière. Sa dignité ? Vu ce que les Paliontos lui infligent, avoir de l'estime de soi n'a jamais fait partie de ses objectifs. Sa liberté ? Elle n'en a jamais eu de toute manière... La seule chose qu'elle ait jamais eu, c'est l'espoir de s'évader. Un rêve, une illusion sûrement. Elle aspire à s'enfuir mais aussi à se venger pour ce que son frère et ses hommes lui font subir. Beaucoup la prendraient pour une folle mais qu'importe, tout le monde à besoin d'une cause pour éviter de sombrer, même s'il s'agit d'une cause perdue... Alyna ne veut pas baisser les bras, elle ne veut pas se laisser faire. Provocatrice, elle a un tempérament qui lui vaut souvent des ennuis et des souffrances qu'elle aurait peut-être pu éviter. Mais la Captivo ne désire pas rester effacée, à attendre que le temps passe, à attendre que son frère ait un jour l'idée de se débarrasser d'elle. Au contraire Alyna est têtue, et elle tient tête aux Paliontos. Mais elle sait qu'il existe des limites à ne pas dépasser pour rester vivante. Elle est insolente, certes, mais pas suicidaire ! Elle parle peu avec les hommes, si ce n'est pour les remettre à leur place avant qu'eux ils ne lui rappellent la sienne. Elle a grandi dans un monde de cruauté et de barbarie, mais Alyna se refuse d'être comme eux. Derrière un calme glaçant et une agressivité brûlante, la jeune femme a un coeur tendre. Elle fait difficilement confiance aux autres, mais aide ceux qu'elle peut, surtout les femmes qui sont dans une condition similaire à la sienne. Aider les autres l'aide aussi elle, à ne pas perdre son humanité.

Dans une autre vie, Alyna aurait peut-être été une guerrière. Dans ses rêves, elle en est une. Dans ses rêves, elle tue son frère. Chaque nuit, elle le tue, lui et tous les hommes qui l'ont violée et frappée. Et, à chaque fois qu'elle se réveille, la jeune femme se promet qu'un jour cela ne sera plus un rêve mais une réalité. Alyna aspire à la vengeance, et surtout à la liberté. Intelligente, elle cherche à s'évader, attendant dans le calme son heure. Alors elle observe, analyse. Alyna a une bonne mémoire, et cette vie passée dans ce château lui a permi d'assimiler où menait chaque couloir, où était chaque issue, chaque meuble, chaque pierre. La jeune femme sait quand ont lieu les relèves de tour de gardes, elle sait combien de soldats gardent chaque porte. Et elle continue d'observer en silence. Tout ces efforts pour un jour, passer à l'action. S'en aller.      

700 mots 20 ans plus tôt.
Une femme pleure. Oui, et alors ? Il y en a tant, au château des Paliontos, des femmes qui pleurent ! Elle ou une autre, qu'importe ? Eh bien tout, car dans notre histoire cette femme est importante. Vous vous demandez pourquoi elle pleure ? Comme si vous ne l'aviez pas déjà deviné... La Captivo est seule dans cette chambre, avec pour seule compagnie cet homme. Non, ce n'est pas un homme. C'est un roi. Ce barbare, qui la viole si souvent, depuis quoi ? deux ans ? Deux années se sont écoulées depuis qu'elle est captive, mais cela lui semble être une éternité. Il la laisse s'en aller, lorsqu'il en a finit avec elle. Pieds nus, la fille cours dans les couloirs en pleurant. Elle va aux écuries, se cache dans le foin, et pleure. Jusqu'à ce qu'elle s'endorme, et que ça recommence. Encore et encore.

19 ans plus tôt.
Etendue à même le sol, cette jeune femme pousse un cri déchirant. A ses côtés, une vieille Captivo, qui l'aide et la soutient. Encore un dernier cris, puis des pleurs. Celui d'une enfant qui vient de naître. Une petite fille innocente qui doit déjà faire face à la cruauté du monde. Elle est la fille de la Captivo, mais surtout, son géniteur est le roi. Bâtarde qu'elle est, la petite fut nommée Alyna. Sa mère, elle ne l'a même pas regardée, elle ne l'a pas prise dans ses bras. Alyna la dégoûtait. Comment aurait-il pu en être autrement ? A seize ans, voilà que Kryssien était confrontée au fruit de ses multiples viols, comme si ses marques qui couvrent son corps n'étaient pas suffisantes pour le lui rappeler !

Alyna a donc vu le jour dans un monde dépourvu d'amour. Celle qui lui servait de mère a toujours refusé de croiser son regard, ou de lui dire quelques mots. Une présence maternelle que la petite n'a jamais pu combler. Et que dire de son père ? Elle était sa fille oui, mais pour lui elle ne représentait rien. Juste une esclave, une fille. Une personne bien inférieure à sa royale personne. Alyna ne connait pas la notion de parents. Tout comme les mots "amour" ou encore "compassion" n'ont jamais faits partis de sa vie. Âgée de six ans, la fillette perdit sa mère. Celle-ci fut tuée par un soldat, un accident, il l'avait battue trop violemment. Cette perte n'affecta pas beaucoup l'enfant, qui n'avait jamais été proche de Kryssien. C'est triste à dire, mais c'était ainsi. Tout ce que sa mère lui avait jamais donné était une vie d'esclave et un nom. Un cadeau empoisonné...  

L'enfant a toujours été une esclave. Elle n'a jamais connut la liberté, ni la tendresse. Seulement la brutalité et les moqueries des hommes. Mais Alyna a toujours su qu'une vie n'était pas censée se dérouler de cette manière. On avait beau lui répéter qu'elle ne valait rien, elle assimilait les injures sans s'en convaincre, persuadée qu'un jour, elle montrerait à ses imbéciles qu'ils avaient tords. L'enfant était consciente d'avoir deux frères aînés, les fils illégitimes du roi. Peut-être existait-il quelque part d'autres bâtards, comme elle, cependant elle ne les connaissait pas. Elle n'avait pas envie de les connaître. La famille n'a jamais rien représenté à ses yeux. Lors de ses huit ans, son frère le plus âgé eut l'âge de devenir véritablement un Paliontos. La fillette était dans la grande salle, à servir le vin aux invités de son père. Là, elle vit Norien tuer sa mère, sous l'ordre du roi. Ce jour-là, elle haït véritablement le roi. Elle n'avait jamais parlé à la reine, mais celle-ci lui avait toujours parue amicale. Elle trouvait que ses frères avaient de la chance d'avoir une mère douce et attentionnée. Elle aurait bien aimé que sa propre mère soit ainsi. Aussi, elle redoutait Norien, pour avoir tué sa mère de sang froid. Surtout, ce fut le seul jour où elle éprouva de la pitié pour Lannistair qui venait de voir mourir sa mère.

Quelques temps plus tard, Lannistair tua son père et accéda au trône, Norien renonçant à ses droits de succession. La vie se compliqua véritablement pour elle. Alyna avait toujours été une esclave discrète, sa vie n'était pas rose, mais elle aurait pu être bien pire. Elle fut bien pire. Lannistair devenu roi, il commença à s'en prendre à sa jeune soeur. Il la rabaissait, la maltraitait, la battait. Devenue un des jouets favoris de son frère, elle lui voua toute la haine du monde. Provocatrice, elle avait appris à ses dépens qu'elle devait la fermer face à Lannistair, et se contenter d'obéir et de subir tout ce qu'il jugerait bon de lui infliger. Alyna ne voulait pas être soumise. Elle se débattait toujours, répondait toujours. Son insoumission énervait son frère, mais peut-être que c'était aussi pour cette raison, en plus des liens du sang, qu'il s'amusait tant à la faire souffrir. Elle le craignait, mais la peur la rendait agressive.

Depuis que Lannistair est au pouvoir, Alyna s'est endurcie. Pour survivre face à ce qu'il lui infligeait, elle devait être forte. Rebelle dans l'âme, elle a toujours refusé de devenir comme ses esclaves soumises qui ressemblent à des légumes et qui pleurent toutes les nuits. Elle ne voulait pas être faible. Alors Alyna se cache derrière l'indifférence et la provocation. L'agressivité est son remède pour ne pas pleurer, l'indifférence à son sort lui permet de ne pas montrer à quel point cela la touche. La jeune fille résiste, la tête haute. Elle subit non sans se débattre. Elle rumine son évasion et ses plans de vengeance. Tout cela dans le but de survivre, au moins un jour de plus. Mais un jour, c'est toujours ça de gagné.