300 mots

Je suis une ombre. Les rares personnes qui me connaissent vraiment disent de moi que je suis mystérieux. Mais je me dois de l’être ! La notoriété me vaudra ma tête, voir bien pire… Avant j’étais un homme fort, courageux, fidèle dans mon allégeance et chose rare pour un Paliontos, fidèle à mon cœur… Mais ça c’était avant… Maintenant je suis devenu froid, distant et suspicieux. Personne ne peut atteindre qui je suis vraiment. Je suis un fantôme, une ombre…

J’ai un physique qui ne passe pas inaperçu mais je sais en jouer et me camoufler. Bel homme aux dires des femmes, je ne chercher pas à séduire. Je porte ma fierté dans ma posture. Menton droit et fier, regard sûr, je sais que certains signes pourront me trahirent. Mais il est difficile de gommer entièrement qui on est vraiment. Mais j’essaie. Mon allure athlétique m’évite bien des déconvenues. Personne ne cherche à savoir qui je suis, peu m’approche. Pour ces rares personnes, je suis une personne digne de confiance. Mais je leur accorde la mienne qu’à de rares exceptions. Vous l’aurez compris, tout est rare chez moi, comme mes sourires…
Je suis devenu bien malgré moi un meneur, un homme que l’on suit et dont les idées regroupent. Ma haine envers le roi guide mes pas. Je suis quelqu’un de blessé mais pas encore à terre. Vindicatif, j’aurais ma revanche et sa tête au bout de mon épée !
Parfois vous pouvez me voir épaule courbées, plus taciturne que jamais. Les remords coulent dans mon sang, honteux, comme mort…
Je ne suis plus l’ombre de moi-même. Le fantôme d’un homme puissant. Le cauchemar de mon présent. Je fuis votre compagnie comme je vous attire. Fuyez ! Je suis destructeur, bien que honnête et déterminé… Si vous m’approchez, sachez que je garde mes secrets et que les vôtres ne m’intéressent pas…

Je ne suis qu’une ombre…

700 mots
Pour vous parler de moi, il faut bien que je vous demande de différencier deux parties de ma vie. Il y a eu ma vie avant et ma vie après. La vie réserve parfois des surprises et des obstacles. La mienne n’est qu’une succession de mauvaises décisions.

Ma toute première erreur je dirais que ce fut mon engagement aux côtés du roi Erom. Quand j’y pense je me demande encore comment j’ai pu être aveuglé par son assurance et sa cruauté…

Je suis né dans une famille modeste. Mon père était un soldat du plus bas échelon. Il avait bien essayé d’en gravir un peu mais son addiction à l’alcool lui avait valu les railleries des plus hauts. Ils avaient raison ceci dit. Mon père était lamentable, une loque qui ne valait rien et qui avait réussi par quelques miracles à arriver dans les rangs du roi. Peut-être était-ce dû au manque d’hommes après une quelconque bataille. Je n’en ai cure, je ne lui ai jamais demandé et sérieusement cela ne m’intéressait pas. D’ailleurs je me fichais éperdument de mon père, il n’était pour moi que mon géniteur. Il me nourrissait, m’élevait dans l’optique de devenir un soldat (meilleur que lui cela va sans dire). Mais il n’y avait que très peu d’échange entre lui et moi. Hormis quand il me battait. Mais de ça aussi je m’en fichais. Les coups on fait de moi un homme brave. Bref, je ne l’aimais pas ni ne le haïssais. Pour ça il aurait fallu que je sois intéressé par lui. Ma mère elle n’est qu’une anonyme. Je crois qu’elle est morte en me donnant la vie, ou peu de temps après. Là aussi je n’ai jamais demandé. Nous autres paliontos nous sommes élevés dans l’indifférence des femmes. Elles ne sont pour nous que des moyens de se soulager si je puis dire. Mais aussi des servantes pour tout ce qui est tâches ménagères. Elles ne sont rien d’autre que des outils à notre bien être. Vous me trouvez ignoble ? Je ne suis que le reflet d’une pensée collective…

J’ai grandi au rythme de mes entraînements, à l’ombre de l’homme qui nous gouverne. Me forgeant tant bien que mal à l’image de ses soldats. Je voulais être meilleur que mon père, je me savais meilleur que lui ! Je suis entré sans trop de soucis dans les rangs du roi. Cet être malsain avait pour habitude de demander à ses nouvelles recrues de lui montrer leur allégeance par le meurtre de leur propre père. Il va sans dire que ce ne fut pas très difficile pour moi. Je suis rentré le soir même et je l’ai trouvé cuvant sa vinasse devant l’âtre. D’un geste sûr je lui ai tranchée la tête, puis j’ai séparé celle-ci de son corps. Sans remords. Je n’en ai d’ailleurs toujours aucun à ce jour. Il n’était rien… Et puis il devait s’en douter qu’un jour cela arriverai, il connaissait les règles !

J’ai gravis les échelons comme je pouvais, à la force de mon épée mais aussi grâce à mon esprit éclairé. J’étais un féru des stratégies militaires. J’avais étudié tous les combats du roi, éblouis par son génie. Et mes capacités furent rapidement appréciées ! J’eu l’honneur un jour d’être mandé par le Roi lui-même. Ce jour-là marquait un virage dans ma vie. Il m’avait observé de près et avait vu en moi l’espoir d’un grand conquérant. Je me gaussais de ses compliments et quand il me demanda d’intégrer sa garde rapprochée je n’ai pas hésité avant d’accepter. Quel plus grand honneur peut-il y avoir pour un homme comme moi ? De ce jour il demanda mon avis sur ses stratégies, sur ses plans de batailles. Oh bien sûr il gardait le plus d’informations pour lui mais j’étais dans la confidence, n’hésitant pas à lui donner des conseils m’appuyant sur des exemples concrets. Quelque chose comme du respect commençait à naître entre nous.

Mais j’étais loin de me douter que quelque chose allait bousculer tout cela. Un regard. Des yeux étincelants dans lesquels j’aurai aimé me plonger durant des heures. On m’avait éduqué dans l’optique de haïr toutes les femmes. Rien n’aurait pu me préparer au coup dans le cœur que je reçus en la voyant. Elle s’appelait Ilona et était la plus belle femme que je n’avais jamais vue. C’était une esclave méliana. Je le savais car elle venait d’être capturée quelques jours plus tôt par une escouade. Quelque chose en moi changeait. L’amour me rendait vulnérable. Car oui j’étais tombé fou amoureux d’elle. Et ce fut réciproque. Elle me parlait de son peuple. Et plus elle parlait, plus j’en venais à douter du mien… Nous passions des heures dans le plus grand secret à nous échanger des baisers passionnés, à faire connaissance. Elle m’avait complètement envoûté. Ce que je ne savais pas, c’était que le roi avait remarqué mon changement et m’avait fait suivre. Alors quand on me demanda de me rendre un jour auprès du roi, j’étais loin de me douter de ce qu’il allait se passer. Dès que je franchis le seuil de la porte je la remarquai. A genoux devant le roi. Celui-ci dardait sur moi un regard glacial. Je compris tout de suite que j’étais découvert. Je sentais tout au fond de moi que la mort m’accueillerai bientôt. Mettant genou à terre devant mon souverain, je fuyais ma bien-aimée du regard. Elle en faisait de même. Mais à mon grand étonnement le roi ne décida pas de me tuer. En revanche il m’apprit que j’avais été trahi ! Et par la personne que j’aimais le plus… Ilona complotait dans mon dos, voulant se servir de mes infos pour avoir une monnaie d’échange contre sa liberté… Elle avait été trouvé le roi en lui annonçant qu’un de ses hommes complotait dans son dos. Moi. Sous le choc je ne compris pas ce qui se passait. Comment avais-je pu être trompé ainsi ? Dans une sorte de brouillard j’entendis le roi me demander de la tuer. De lui prouver mon allégeance en tuant la personne que j’aimais le plus. Elle m’avait trahis, les mots résonnaient sans cesse dans ma tête. Ilona ne m’aimait pas, tout le monde avait raison au sujet des femmes… Alors je me levai, pris mon épée et me positionna devant elle. Les larmes roulant malgré moi sur mes joues, je la relevai et lui transperça le cœur de ma lame. Elle me regardait et murmura un « Je te pardonne mon amour ». Puis elle poussa son dernier souffle et s’affala sur moi. Le roi satisfait me donna congé de quelques jours pour que je revoie mes priorités… Comme un pantin, je rentrai chez moi. J’avais été trahi. Saisissant une bouteille d’alcool je bu jusqu’à perdre connaissance pour la première fois de ma vie.

Le jour suivant une servante me donna une missive d’Ilona dans laquelle elle m’expliqua tout. Comment j’avais été trahi. Car oui je le fut bel et bien mais pas par celle que je pensais. Ilona n’avait rien fait, le roi m’avait tendu un piège… Je devins fou alors, brisant les meubles, les vitres. Tout chez moi ne fut que désolation une fois que je me suis calmé. Alors dans mon cerveau embrumé de fureur, de honte et de regret, un plan se mit à germer. Je n’aurais de repos tant que Lannistair était vivant ! Mais je ne pouvais rester dans ses rangs. Il fallait programmer un renversement, loin du souverain, dans l’ombre… Devenir une ombre… Alors j’ai simulé mon suicide, me jetant dans les torrents d’une rivière. On ne retrouva jamais mon corps et je ne doute pas que le roi lui-même doute de ma mort. Mais depuis ce jour on ne me trouva nulle part. J’en vins à faire oublier mon véritable nom…

A présent je suis Gabriel Campy, simple pêcheur aux yeux de la majorité. Pour d’autre je suis le meneur, le fondateur du mouvement Salien. Ensemble nous préparons dans le plus grand des secrets l’attaque qui verra la fin de Lannistair. Nous sommes peu nombreux, mais l’union fait la force ! Qui suis-je vraiment ? Peu le savent… A présent je suis le plus grand cauchemar de Lannistair, mais cela il ne le sait pas. Pas encore…